Les sorties de la semaine

mardi 9 décembre 2014

Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées



Synopsis :

Smaug a quitté Erebor et s'apprête à répandre sa désolation sur la ville d'Esgaroth. Bilbo et les nains, responsables de cette catastrophe, ne peuvent que regarder le spectacle impuissants. En ville, Bard est toujours emprisonné alors qu'il est le seul qui ait le courage d'affronter le dragon, pour l'honneur des hommes...


Commentaire :

L'occasion du bilan

Le dernier volet du Hobbit est l'occasion de faire le bilan de cette trilogie. De part sa nature, le Hobbit a toujours été lié et comparé au Seigneur des Anneaux. Bien que les intrigues soient liées, encore plus dans la version de Peter Jackson que dans le livre, les deux trilogies diffèrent sur de nombreux points. L'esthétique premièrement, avec le photo-réalisme (recherché ou imposé) de la première trilogie dans laquelle le numérique ne venait que combler ce que les artifices matériels ne pouvaient réaliser (immenses armées, cités, paysages sortant de l'entendement). Néanmoins, peut-être encouragé par le succès de Gollum et l'évolution des technologies, Peter Jackson est allé plus loin dans le Hobbit. De nombreux éléments sont devenus complètement numériques, en passant par les orcs mais également les décors, parfois complètement réalisés sur fonds verts. Le Hobbit a une esthétique beaucoup plus picturale, colorée  et travaillée (mais donc moins réaliste). Chacun aura son avis, pour notre part nous avons une petite préférence pour la première trilogie. Il ne s'agit que d'un goût personnel. 
Le deuxième élément est le ton des trilogies. Bien que les deux soient également épiques, le Hobbit a un ton moins grave. Il y a de nombreuses pointes d'humour y compris dans les combats, ce qui diminue la gravité ou le sérieux des évènements. Les actions sont parfois poussées à l'extrême ce qui les rend plus impressionnantes mais moins crédibles. Là encore, chacun aura son avis. 
En définitive, nous avons une trilogie du Hobbit beaucoup plus tournée vers le divertissement visuel, qui utilise la surenchère pour "faire plus et faire mieux" et se distinguer du Seigneur des anneaux. Nous préférons globalement le choix fait pour la première trilogie mais il faut savoir que ce choix a peut-être été fait, simplement, pour des raisons de moyens et de technologies à l'époque. Peut-être que si Peter Jackson en avait eu les moyens, il aurait réalisé un Seigneur des Anneaux plus proche de l'Héroic fantasy foisonnant que de la légende germano-celtique à la Wagner. Pour autant, nous pensons que pour le Hobbit, P. Jackson a eu raison d'essayer quelque chose de nouveau pour ne pas faire simplement un second Seigneur des Anneaux. Déjà reconnu et glorifié, P. Jackson a pu livrer une version plus personnelle du Hobbit dans laquelle il ne se met aucune limite. Il ne s'agit pas de la suite du Seigneur des Anneaux, ni du livre à proprement parler de Bilbo le Hobbit, il s'agit du Hobbit, selon Peter Jackson. Toute comparaison pourrait être néfaste à l'oeuvre que cela soit au niveau de la fidélité, du ton, des enjeux etc. Cette trilogie doit être jugée pour elle-même, puriste (du livre Bilbo le Hobbit et des films Le Seigneur des Anneaux) attention! Passe ton chemin pauvre fou! Le résultat obtenu mais également recherché (il faut se le mettre en tête) est un cinéma très impressionnant visuellement, moins profond et sérieux mais plus exubérant et décomplexé, dans lequel nous sentons que le réalisateur a pris réellement son pied. Oui, Peter Jackson a pris du plaisir à se renouveler. 

Film ou série

Revenons spécifiquement à La Bataille des Cinq Armées. Une fois que nous avons compris que Le Hobbit n'est pas le Seigneur des Anneaux, il est beaucoup plus aisé de l'apprécier à sa juste valeur. La Bataille des Cinq Armées est sans conteste le meilleur de la trilogie du Hobbit avec des scènes d'action très impressionnantes. Les combats sont magnifiquement orchestrés, lisibles et prenants. Il y a peu de dialogues dans ce volet, tout est dans la chorégraphie des combats. Ainsi, ce film se rapproche du cinéma primitif d'attraction qui pousse à la fascination. Au fond, peu importe vraiment les enjeux scénaristiques. Ce film est l'apothéose de la science jacksonienne du grand spectacle.
En définitive, la seule limite que nous pourrions pointer ici est un écueil qui nous relevions dans le second volet. Le cliffhanger géant qui termine La Désolation de Smaug est une fin de série. Le début de la Bataille des Cinq Armées est un début de série. Les deux films ne trouvent aucune autonomie avec cette coupure, et au vu de la longueur de l'arc Smaug dans le dernier volet, nous pensons qu'il aurait mieux valu le conclure dans le second film. La Désolation de Smaug aurait eu sa propre sous-intrigue complète et autonome. 

De ce fait, le Hobbit se conçoit plus comme une oeuvre à voir d'une traite (préparer du café et du doliprane), alors que le Seigneur des Anneaux peut - être séparé en trois chapitres. Nous conseillons néanmoins de commencer par Le Seigneur des Anneaux lors d'un marathon, le Hobbit faisant souvent des clins d'oeil à ce dernier. 


L'apothéose de fin et du commencement

Cette césure digne d'une série est en effet le seul reproche que l'on peut faire. A partir du moment où nous avons eu le temps de nous faire à l'idylle entre Tauriel et Kili avec le second volet, ce dernier film ne comporte que des points forts. Certains personnages passent à la trappe certes, mais peu importe, seul la dynamique de l'action compte ici. Peut-être que la version longue viendra apporter de l'équilibre dans le traitement des personnages, mais il ne faudrait pas qu'elle rompe le rythme. Ce film est plutôt court pour une production de Peter Jackson (2h30) mais il est hyper dense. Il parachève la montée en puissance des deux premiers films et entraine sur la trilogie du Seigneur des Anneaux en créant de nouveaux liens. Il n'est pas toujours facile de réaliser la pièce manquante, Peter Jackson l'a fait!




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lundi 8 décembre 2014

Astérix - le Domaine des Dieux



Synopsis:

Un irréductible village gaulois d'Armorique résiste toujours à l'envahisseur romain. Cette fois, César choisit un plan vicieux et insidieux en évitant la force. Il souhaite que les Gaulois choisissent d'eux-mêmes la citoyenneté romaine afin que la civilisation gauloise disparaisse de facto. Les Gaulois paraissent en effet intéressés par le mode de vie "civilisé" à la romaine...


Commentaire:

Du dessin à l'animation 3D

L'animation 3D est défendable pour ce projet bien qu'elle fut critiquée. En effet, le cinéma d'animation français propose encore de nombreux films en dessins, grande spécialité française, et de ce fait, cet Astérix ne vient pas remettre en cause, à lui seul, ce glorieux héritage. Au contraire, pour toucher un grand public, français mais pas que, l'animation 3D semble une très bonne idée pour vendre le cinéma tricolore. Astérix est un gaulois moderne.

La patte Astier

L'influence d'Alexandre Astier, co-réalisateur et scénariste, est très prégnante dans ce film. Toutefois, elle s'insert dans cet univers sans le dénaturé. On retrouvera quelques clins d'oeil à Kaamelott mais avant tout, un humour très bien dosé, issu en partie d'Astier, tout à fait à propos ici. 

Casting 5 étoiles français

De nombreuses personnalités participent à ce long-métrage. Le plus important, et c'est un réel plaisir de l'entendre une dernière fois, est Roger Carel, interprètant le petit Gaulois à 87 ans.  Les autres voix ; Alain Chabat, Alexandre Astier, Elie Semoun etc, apportent une réelle plus-value à l'ensemble. Elles expliquent en partie l'efficacité de l'humour.  

Plus que du divertissement

De nombreuses références cinématographiques parcourent le film, dans la lignée des Astérix en images réelles. Toutefois, en plus de respecter l'héritage, cet Astérix est très travaillé sur le fond : un réel message, typiquement dans le style Astier, se cache dans ce divertissement. Il y a une critique de la mondialisation (dont l'acculturation) et de l'impact des images sur les foules (les arènes romaines proposent du catch). Nous pourrions y voir également une critique des grands ensembles urbanistiques, des dérives de la consommation et de la folklorisation des cultures traditionnelles. Bref, un réel travail sur le fond!

Un film d'ampleur

Astier a de l'ambition, c'est un réel plaisir pour nous car c'est plutôt rare dans le monde du cinéma français. Ce film, pour enfants, présente une mise en scène tirée des films d'action voire d'heroïc fantasy (plongées, contre-plongées appuyées, ralenties etc). Nous sentons qu'Aster souhaite, derrière la production humoristique, installer une dimension épique au film, un peu comme dans les derniers livres (les long-métrages) de Kaamelott. D'ailleurs, cette idée est confirmée par la musique ambitieuse du long-métrage, dans un style symphonique. Le compositeur Philippe Rombi dit à ce propos :
"On souhaitait une partition plus ample et, dans les rêves de gosses de Louis et d'Alexandre, on allait pouvoir se référer à John Williams, Jerry Goldsmith ou Alan Silvestri, -- autrement dit, une musique symphonique issue de l'héritage de Ravel, Tchaïkovski, Prokofiev ou encore Stravinski. Ayant souvent eu l'occasion de composer pour de grandes formations symphoniques, cela faisait aussi partie de mon univers, de certaines couleurs de ma palette, et nous n'avons pas eu de mal à nous comprendre sur la tonalité à adopter."
Désormais, nous n'attendons qu'une chose, qu'Astier ose faire son film chevalresque / d'Heroïc fantasy sans être retrancher derrière l'humour. Cela dépendra également énormément des moyens qu'il trouvera. Ce qui est sûr, c'est qu'il a déjà beaucoup donné à la culture française et ce film en est la dernière preuve en concurrençant en qualité les meilleurs films d'animation américains.

Bref, un divertissement intelligent, qu'Uderzo considère comme la meilleure adaptation!



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