Les sorties de la semaine

dimanche 18 août 2024

Alien : Romulus


Synopsis :

Plusieurs jours après la destruction du Nostromo, la Weyland-Yutani Corporation récupère l'alien considéré comme une ressource rare. La station effectue alors des recherches sur l'alien mais bientôt, plus aucune nouvelle ne parvient de celle-ci. Elle dérive alors vers une colonie minière et est repérée par un groupe de jeunes travailleurs...

Commentaire : 

Un retour aux sources d'Alien avec Alvarez

Fede Alvarez, le spécialiste des films d'horreur s'est vu confié la tâche de relancer la saga. Spécialiste du genre, il est toutefois habituellement coutumier d'un genre plus gore que ne l'est la saga Alien. Néanmoins, le cinéaste uruguayen tout autant fan d'Alien le huitième passager que du jeu Alien Isolation réussit son pari. Le film est techniquement irréprochable. En effet, Alvarez prend le temps de développer son intrigue et de poser l'ambiance caractéristique du suspense horrifique quitte à limiter l'action uniquement à la deuxième partie du film. Le film s'appuie sur une photographie léchée notamment pour les plans dans l'espace, réelle plus-value par rapport aux premiers films qui ne pouvaient bénéficier de la technologie d'aujourd'hui pour filmer le gigantisme de l'espace. La scène en 0 gravité, autre nouveauté, permet également d'ajouter des visuels inédits. Toutefois, les créatures restent en animatroniques pour partie, notamment pour les gros plans, ce qui permet de préserver l'aspect organique des premiers films. Fede Alvarez réussit une belle réactualisation de la saga malgré, il est vrai, quelques citations un peu forcées. En tant que réalisateur de film d'horreur, il sait jouer avec le hors-champ pour installer son ambiance mais également avec le champ, en dissimulant parfois la créature dans les tonalités de gris. La caméra est libre et dynamique permettant également de rendre les scènes d'action efficaces. Le film possède, conformément aux films de la saga, son fameux quatrième acte, qui propose une innovation dans le lore, qui pourra autant satisfaire que susciter des contestations. A la composition, Benjamin Wallfisch contribue à réinstaller l'ambiance de la saga en reprenant et en réinterprétant les thèmes originels. Notons que le mixage sonore en général est de très grande qualité et à la hauteur d'un film se voulant être un hommage et une continuité au premier film de la saga. 

Les thématiques : capitalisme et technique 

Les thématiques qui parcourent la saga Alien reviennent ici, sans grande différence ni innovation mais avec toujours autant de pertinence. La première thématique est bien évidemment celle du capitalisme avec la compagnie Weyland-Yutani, exploitant jusqu'à l'os ses travailleurs pour augmenter ses profits et voulant absolument préserver l'Alien pour les potentielles retombées financières et scientifiques découlant de son éventuelle exploitation. Le deuxième grand questionnement se situe autour de la technique comme le souligne la référence à la mythologie de Prométhée. La technique est ce qui distingue et élève l'humain mais ce dernier, piégé par son hubris et sa volonté de profits, commet bien souvent des erreurs. Le rêve d'immortalité est un chemin qui n'a d'autre destination que la mort, car l'immortalité passe par le contrôle de l'Alien. L'humain est d'ailleurs dans l'hubris à partir du moment où il quitte sa planète, lui, n'étant adapté qu'à ce milieu. L'exploitation génétique de l'Alien permettrait à l'humain de ne plus être l'étranger (en anglais alien) dans les milieux non terrestres. Objectifs irréalistes tant l'humain est le produit de la Terre. Les synthétiques seraient-ils alors une solution ? Solution partielle à l'exploration spatiale, ils ne permettent pas néanmoins de changer la condition humaine. Miroir de l'humanité et produit de la technique, les synthétiques ne sont ni bons ni mauvais mais simplement le reflet des intentions des humains (mention spéciale au retour en image de synthèse de Ian Holm et à l'excellent David Jonsson en Andy). Plus rationnels que les humains, possédant plus de connaissances ainsi que plus robustes que ces derniers, ils sont néanmoins tout aussi faillibles... car produits par les humains. Le synthétique de Ian Holm travaille à l'amélioration de l'humain mais commet des erreurs (tout comme David dans les volets précédents). Leur incapacité à se décider par eux-mêmes et leur nécessité d'obéir à des directives (du moins dans ce film) en font par ailleurs plus des intelligences artificielles que des consciences artificielles. C'est finalement la relation avec Rain qui humanise Andy plutôt que le personnage d'Andy pris isolément. Le couple humain-synthétique est donc une belle histoire mais n'est pas à la hauteur de la quête d'immortalité. L'Alien, symbole de la nature proliférante (symboles phalliques et vaginaux), de la vie et de la mort est là pour rappeler les limites de l'humanité malgré toute sa technique et pour pousser les héros (héroïnes en l'occurrence) dans leurs derniers retranchements.


En définitive, Alien Romulus relance la saga Alien en ayant capté la justesse et la maîtrise du premier film, autant dans son ambiance que dans ses thématiques. 



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