Les sorties de la semaine

dimanche 19 mai 2019

The Dead Don't Die


Synopsis :

L'axe terrestre a été modifiée après une catastrophe d'origine naturelle. Cela entraîne des conséquences inattendues pour toute la vie sur Terre...


Commentaire :

Jim Jarmusch, l'anti-blockbuster

Dans la réalisation, c'est par le rythme que Jim Jarmusch s'oppose aux blockbusters. Comme à son habitude, Jarmusch part sur un rythme lent avec des zombies qui mettent beaucoup de temps à rentrer en scène si bien qu'il est possible de se demander à un moment s'ils viendront un jour. La mise en scène est ensuite tristement narrative alors qu'il n'y a rien à narrer en particulier. Le film fonctionne par des références notamment aux films d'horreur et non par l'histoire qui n'a que peu d'intérêt car les personnages sont dénués d'objectifs. La comédie, elle, fonctionne par le biais de quelques gags et des comiques de répétitions mais le film est trop peu rythmé pour que celui-ci soit pleinement comique. C'est un pastiche du film d'horreur. En cela, avec les références, le film peut-être distrayant. 

Reprendre tous les traits du genre [Spoilers]

Jarmusch va s'évertuer à reprendre tous les clichés du film d'horreur pour... ne rien en faire et ainsi désarçonner le spectateur qui pourra soit applaudir soit s'énerver. Ainsi Tilda Swinton joue la fille "badass" au katana qui découpe du zombie à la seconde mais qui manquera l'acte final. Le groupe de jeunes va simplement enfiler son rôle de victime sans qu'aucune histoire ne soit construite autour. Les policiers sont complètement amorphes, tel Jarmush peut-être devant les films de genre. Quant à l'explication scientifique, elle n'a aucun sens... comme la majorité des justifications des films du genre. Bref, c'est un film peu immersif du fait de personnages distants et de l'histoire sans enjeu. Dans ce contexte, peu étonnant que Jarmusch casse lui-même le quatrième mur et révèle, même, la fin de son film. Comme pour son dernier film sur les vampires, Jarmush expose un nihilisme latent. Si la mise en scène n'est guère au rendez-vous, il reste alors les références plus ou moins subtiles par la citation visuelle (Centerville) ou orale (Nosferatu, Romero) voire hors de propos (Frodon, Star Wars). Le film s'adresse alors à des cinéphiles. Un spectateur sans les références sera ainsi exclu du film. 

Le propos de Jarmusch 

Cette histoire est sans intérêt car pour Jarmusch la société consumériste n'a que peu d'intérêt. Sa bonne parole est délivrée par l'ermite du film, vivant logiquement en dehors de la société. Pour lui, les zombies ne sont guère différents de leur forme vivante; des êtres matérialistes et décérébrés. Il y a du vrai dans ce propos. Le procédé est toutefois hautain avec un film s'adressant à une minorité d'autant plus que le propos dénonce une majorité. En outre, Jarmusch a lui même besoin de s'inscrire dans un circuit de consommation pour produire de la culture. Même si son public n'est pas celui qui voit normalement les blockbusters, les curieux attirés par ce film ne pourront être que déçus (ou perdus) part son côté ésotérique (avec les références) et sa critique cinglante.


En définitive, avec The Dead Don't Die, Jim Jarmusch réalise un pastiche du genre s'adressant exclusivement aux cinéphiles. Il envoie une critique cinglante (et habituelle) à la société. Si le message est intéressant, la manière de procéder est assez hautaine.  



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